Maelys

Astrub, 12 javian 638:

Rarement Astrub, la Turbulente, avait été aussi calme. Cette averse du mois de Javian, qui détrempait les petites ruelles de la cité jusqu’en faire de vastes étendues boueuses, avait même eu raison de la vermine belliqueuse et des vendeurs à la sauvette qui occupaient généralement les lieux.

Dans la petite taverne attenante à la banque s’étaient réunis les membres de la Confrérie au Lait. Cependant les différentes tablées étaient loin de résonner de leurs habituelles bravades. L’ambiance était lourde et triste, pas même le crépitement de l’âtre, à moitié étouffé par l’écho de la pluie, ne parvenait à briser le silence du lieu.

La porte s’ouvrit alors sur une silhouette détrempée, emmitouflée soigneusement dans sa cape du Désir o’Boule. Les regards se tournèrent mollement vers elle avant de replonger dans la contemplation de leurs verres.

Maelys fit tomber le capuchon sur ses épaules et avança vers le feu tout en désagrafant sa cape dégoulinante, qu’elle abandonna sur une chaise voisine. Face à l’âtre, elle s’assit en tailleur, le dos appuyé sur un large fauteuil. De la petite sacoche qui l'accompagnait en permanence, elle tira une fotoh-graphie usée par le temps. Elle passa son doigt sur le papier glaçé où un ecaflip dans la force de l'âge posait, son chapeau de marié enfoncé sur les oreilles.

[i]Tu te rapelles nos débuts...? *chuchota-t-elle*

Elle marqua un moment d’arrêt avant de jeter un regard un regard autour d'elle en ajoutant :

Le Serment de Vigrid…L’implosion de la guilde…Tout ça est si loin maintenant..Nous avions une famille...Nous avons tous perdu des êtres chers...

Quelque chose avait changé chez elle depuis son arrivée au sein d'Amakna il y a bien des lunes de ça. Certains pourront dire qu’elle a vieilli, mûri… pourtant, ce soir un voile de mélancolie ternissait son visage. Elle tira de sa poche quatre alliances et ôta celle qu'elle portait à son doigt esquissant un faible sourire. Elle resta ainsi quelques temps, observant la danse des flammes dans l'âtre, abandonnant sa tête contre l'accoudoir.

.. Et puis il y a eu la Confrèrie. Je t’ai retrouvé toi…Nous aurions fêté notre première année de mariage .. Si tu n'étais pas parti...Je n'ai jamais compris.Nous avions recréé notre famille, moi qui avais grandi sans jamais en connaître une. Baba, notre fils…et tous nos guildeux favoris : Amichouchou, Iopadkoi, Jacouilles,… Pourquoi? Tu avais pourtant promis.

Il y a aussi eu Majora. Il m’a fait découvrir le Clan des Samoulailles. Servir les autres, me sentir utile…J’irais presque jusqu’à dire que je m’y suis trouvé une seconde famille. J'ai pu apprendre à t'oublier. Maist tout semble continuer. Majora.. je n'ai plus de nouvelle... Alina.. elle..J'ai encore du mal à me faire à cette idée... Je me suis tellement attachée... Je refuse de les perdre... de le perdre... Tu comprends?

La jeune Sadida se laissa bercer encore un instant par les crépitements et la douce chaleur des flammes.

Bon! Ca suffit! *se releva d'un bond en serrant le poing sur les anneaux* La nuit est trop belle ce soir pour rester à se lamenter! Je trouverais bien une bestiole sur qui déverser ma rancœur...

*Se retournant vers les membres de la Confrérie* Qui m'aime me suive!

Elle adressa un petit sourire à la fotoh-graphie qu'elle rangea dans sa sacoche et prit la direction de la porte, rassemblant d'un même geste toutes ces affaires, sans réellement laisser le temps aux autres de répondre.

*lit de temps à autres un bout de l'histoire*

J'aime bien cette histoire, continue comme cela =D